Les lectines sont encore souvent méconnues du grand public à l’exception d’une seule : le gluten. Et si un grand nombre des problématiques et maladies actuelles étaient en faites dues non pas qu’au gluten mais aux lectines de manière générale ?

Comme déjà indiqué dans cet article, les bactéries de notre intestin jouent un rôle très important vis à vis de notre système immunitaire puisqu’elles donnent entre autre, des indications sur les composants inoffensifs et ceux qui peuvent être source de problème.

Parmi les composants qui peuvent poser problème, certains sont résistants face à notre microbiote. En effet, notre espèce n’a pas eu le temps de développer un barrage immunitaire efficace face à ces substances, ni de rendre le microbiote de notre intestin suffisamment apte à briser ces protéines. C’est le cas des lectines.

 

Les lectines : qu’est-ce que c’est ?

Découverte par les scientifiques en 1884, les lectines sont des grosses protéines que l’on trouve chez les plantes et les animaux qui consomment ces plantes. Elles jouent un rôle très important dans la défense de la plante contre les prédateurs, c’est à dire les animaux et nous, humains !

Il a été démontré que si des insectes s’attaquent aux feuilles situées sur un côté de la plante, cette dernière va presque instantanément doubler le taux de lectines du côté opposé afin de dissuader son prédateur de continuer à la manger1.

Il existe deux sortes de lectines : les monocotylédones que l’on trouve dans les herbes et les céréales et les dicotylédones que l’on trouve dans les feuilles d’arbre, les fruits et d’autres plantes. Ces deux types sont très différents et sont digérés par des bactéries distinctes dans les intestins : nous n’avons pas évolué comme les vaches et les moutons, ce qui fait que nous ne sommes pas aptes à digérer les monocotylédones. Plus nous y sommes confrontés plus nous sommes tolérants mais il faudrait des milliers d’années avant que nous puissions complètement les digérer sans problème.

Un peu d’histoire

Les lectines ont toujours été un problème depuis les débuts de l’Homme jusqu’à un changement majeur : le feu ! En effet, la cuisson casse partiellement la plupart des lectines.

Un peu plus tard, l’agriculture est apparue et a permis développer les céréales et les légumineuses qui, contrairement aux fruits et légumes, pouvaient être stockées pour être utilisées ultérieurement. Pour la première fois depuis des milliers d’années, de nouvelles lectines sont donc apparues dans nos intestins qui étaient (et sont encore), très mal préparés.

Et ce n’est pas tout, d’autres changements plus ou moins récents sont la cause de l’explosion de maladies aujourd’hui, tous en lien avec les lectines et au manque d’adaptation de notre corps :

  • Lors de leur retour d’Amérique, les européens ont ramené des aliments avec eux, connus aujourd’hui pour être « sains » comme le quinoa. Mais encore une fois, notre microbiote intestinal et tout notre système immunitaire n’ont pas eu le temps de s’adapter face à ces nouveautés. Vos grands-parents mangeaient-ils des baies de goji ?
  • La mutation de certaines vaches, qui amena quelques races à produire la caséine A-1 au lieu de la caséine A-2. Or, l’A-1 est transformé en une protéine semblable à la lectine bêta-casomorphine, qui s’attache aux cellules productrices d’insuline du pancréas et provoquent une réaction immunitaire contre celui-ci. 
    Pas de chance, les vaches produisant cette caséine sont plus résistantes et produisent plus que les autres vaches. C’est le cas de la vache Holstein noire et blanche, que l’on retrouve largement dominante dans l’agriculture laitière.
    Si vous digérez très mal le lait, le problème n’est peut-être pas le lait en lui-même mais son origine. Il est donc recommandé de privilégier des produits à base de caséine A-2, ou plus simplement les produits à base de lait de chèvre ou de brebis.
  • Enfin, il existe un dernier réel problème, bien connu : les OGM (organismes génétiquement modifiés). Les lectines sont ajoutées artificiellement à leur ADN afin d’augmenter sa résistance. Beaucoup de céréales aujourd’hui sont donc des bombes composées de lectines en puissance associées à des antibiotiques à large spectre et de molécules chimiques qui vont se retrouver dans nos intestins. De quoi ruiner totalement nos bactéries intestinales et de diminuer encore plus notre capacité à digérer les lectines et à éduquer notre système immunitaire.

L’attaque physiologique

Une fois mangé, les lectines contenues dans les plantes vont se fixer sur les hydrates de carbone (les sucres) et plus particulièrement sur les sucres complexes présents dans notre organisme. Mais elles vont aussi s’accrocher à l’acide sialique, une molécule de sucre présente dans l’intestin, dans le cerveau, les nerfs, les articulations et tous les fluides du corps… Via cette fixation, elles peuvent interrompre la communication entre les cellules ou provoquer des réactions toxiques. Par exemple, si les lectines se sont liés à l’acide sialique au niveau d’un nerf, ce dernier peut se retrouver dans l’incapacité de transmettre ses informations à un autre nerf.

Les lectines vont aussi provoquer des inflammations. En effet, elles peuvent ressembler à des composés considérés comme dangereux par notre organisme. C’est par exemple le cas pour les lipopolysaccharides (LPS) qui sont des molécules constitutives de la paroi cellulaire de certaines bactéries de notre microbiote, que notre système immunitaire considère comme une menace. Or, celui-ci peut confondre cette molécule avec les lectines, et donc penser qu’il y a des bactéries dans le corps quand ce ne sont « que » des lectines ! Et ainsi, l’inflammation va arriver…

Problématique, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas tout, les lectines favorisent aussi la fixation des virus et des bactéries sur certains organes ainsi que la prise de poids.

 

Les réactions immunitaires

Bien sûr, notre corps ne reste pas sans rien faire face à ces molécules. Bien que les lectines puissent être toxiques ou inflammatoires et puissent perturber nos communications, nous avons développé quelques lignes de défense afin de les rendre inoffensives ou au moins, d’en atténuer les effets :

  • Le mucus présent dans le nez et la salive qui va piéger les lectines.
  • L’acidité gastrique de votre estomac va ensuite permettre la digestion d’une partie des lectines.
  • Des bactéries spécifiques situées dans la bouche et les intestins qui détruisent les lectines avant qu’elles n’atteignent votre paroi intestinale. Plus vous mangerez des aliments en contenant, plus votre corps fabriquera ces bactéries.
  • Le mucus intestinal qui joue un rôle de barrière, va piéger les lectines, tout comme le mucus présent dans le nez et la salive.

Pas mal n’est-ce pas ?
Le problème est que si l’une ou les quatre lignes de défense sont brisées, les lectines peuvent écarter les jonctions cellulaires de la paroi intestinale et finir par atteindre le sang. Alors, elle provoque immédiatement une réaction de votre système immunitaire puisqu’elles ne devraient pas se trouver là.

Elles peuvent, à terme, tromper le système immunitaire grâce au mimétisme moléculaire et lui faire attaquer ses propres protéines. Elles peuvent aussi se lier aux récepteurs des cellules pour agir comme une hormone ou au contraire, prendre sa place et donc perturber ou bloquer les communications.

 

 

Comment savoir si l’on a une intolérance aux lectines ?

Voici une liste non exhaustive de symptômes liés à l’intolérance aux lectines selon le docteur Steven R. Gundry. Selon lui, ces problèmes peuvent être guéris avec un régime spécifique. Selon votre terrain, votre système immunitaire réagira différemment face à ces protéines :

  • Prise ou perte de poids sans raison apparente.
  • Vous tombez très régulièrement malade comparé aux autres.
  • Si vous avez le nez bouché à chaque fois que vous mangez certains aliments.
  • Problèmes de peaux (acné, verrue, tache, erruption…)
  • Allergies, asthme
  • Articulations douloureuses
  • Reflux gastriques, brûlures d’estomac, apthes
  • Anémie, perte osseuse
  • Maladies auto-immunes
  • Cancer
  • Diabète
  • Dépression, migraine, manque de concentration, mémoire…

Le cas particulier du blé : et si le problème du blé n’était pas seulement le gluten mais une autre protéine moins connue mais maléfique ? Il s’agit de l’agglutinine de germe de blé qui se trouve dans le son et donc… Dans tout ce qui est complet ! L’agglutinine de germe de blé est aussi une lectine mais plus petite que les autres, ce qui lui permet de passer plus facilement à travers la barrière intestinale. Une fois fait, cette protéine va perturber les fonctions endocriniennes en se comportant comme l’insuline, empêcher le sucre d’accéder aux muscles, provoquer des réponses auto-immune en engendrant la formation d’anticorps, entraîner des problèmes neurologiques, etc. La liste est très longue.

Les nombreuses lectines contenues dans les céréales complètes expliquent aussi pourquoi depuis des milliers d’années, les asiatiques continuent d’enlever l’enveloppe brune du riz pour le manger blanc. Les céréales complètes plus saines que les céréales raffinées ? Le doute subsiste…

 

Comment éviter les lectines ?

  • Eliminez les aliments contenant beaucoup de lectines comme les légumineuses et les céréales.
  • Eliminez les sucres et les édulcorants
  • Vérifiez bien les produits animaux : les lectines se trouvent aussi dans l’alimentation des animaux que nous consommons. Eliminez les volailles d’élevage, de bétails (et leurs produits laitiers), les poissons d’élevages, tous nourris aux antiobios et au céréales pleines de pesticides.
  • Evitez tous les perturbateurs endocriniens.
  • Favorisez une alimentation biologique : il est aujourd’hui prouvé que l’agriculture biologique produit des légumes et des fruits offrant plus de vitamines, de minéraux et de polyphénols que ceux de l’agriculture classique2.

Vous trouverez ici les étapes du Programme du Paradoxe des plantes créé par Steven Gundry, un régime alimentaire spécifique pour réparer vos intestins et éviter les lectines.

 

Les lectines sont donc toxiques et peuvent créer des problèmes, en particulier si vos défenses sont amoindries. Il faut savoir que les changements d’alimentation récents et rapides, la perte et l’oubli des manières traditionnelles de se nourrir et l’augmentation de l’alimentation ultra-transformée et industrielle remplie de lectines ont impacté notre microbiote intestinale et donc notre capacité de défense face aux lectines. Nous sommes donc tous plus ou moins concernés.

Ces changements ne pourraient peut-être pas expliquer entièrement pourquoi tant de maladies et d’intolérances voient le jour, mais il ne faut pas oublier tout le reste : pesticides, médicaments, engrais, additifs, perturbateurs endocriniens qui ont complètement réduis notre microbiote original à néant, ce qui pourrait aussi expliquer l’explosion d’intolérances.

 

1 https://academic.oup.com/plphys/article/145/4/1435/6107284?login=false
2 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24968103/