Trouvez-vous que vous avez trop de pensées ? Vous êtes-vous déjà fait ces réflexions : ma tête ne s’arrête jamais, j’aimerais la débrancher, on me dit que je suis compliqué(e), je ne me sens pas compris(e), je ne suis pas à ma place, j’ai l’impression de venir d’ailleurs, etc. ? On vous dit probablement rêveur(se), distrait(e) ou même désorganisé(e), ce qui fait que vous vous sentez loin d’être plus intelligent(e) que les autres. Vous êtes aussi curieux(se) de tout, et votre cerveau est addict aux nouvelles connaissances ?

Possiblement aussi, qu’au fur et à mesure du temps, vous avez fini par vous couper de votre corps, vos émotions, voire même de ne plus être tout à fait vous-même pour correspondre à une société où vous ne vous sentez pas à votre place. Vous avez bien essayé des méthodes, vu des thérapeutes mais impossible d’arrêter cette roue mentale incessante.

Si c’est le cas, alors vous êtes sûrement surefficient(e) mental. Je reprends ici, le terme employé par Christel Petitcollin (voir son livre Je pense trop), qui me semble effectivement juste pour parler de ces personnes qui fonctionnent autrement et que l’on pourrait aussi associer aux personne avec un haut potentiel intellectuel.

L’intelligence est souvent confondue avec la performance. Aussi, sont confondues l’intelligence quantitativement élevée très adaptée à la société actuelle et l’intelligence qualitativement différente qui est beaucoup moins adaptée et donc parfois synonyme de peurs et d’échecs.

 

Trop de pensées : êtes-vous un « hyper » ?

Si vous avez la sensation d’avoir trop de pensées et d’être dans une overdose de stimulations permanentes, vous vous reconnaîtrez peut-être dans ces « hyper » : hyperesthésique, hypersensible, hyperaffectueux, hyperempathique… Ce sont toutes des caractéristiques des surefficients mentaux.

Jeanne Siaud-Facchin, dans son live « Trop intelligent pour être heureux » insiste : être surdoué c’est avoir une intelligence hors norme (analyse, compréhension, mémoire) ET une hypersensibilité, hyperémotivité, une grande acuité des cinq sens, etc.

 

L’hyperesthésie

L’hyperesthésie est le terme scientifique lorsque l’on possède cinq sens avec une acuité exceptionnelle. Et si vous avez trop de pensées au point de ne plus en pouvoir, vous êtes probablement hyperesthésique.

Comme tout être humain capte son environnement via ses cinq sens, nous pensons en général que nous avons tous la même perception de la réalité. Mais ce n’est pas vrai. En effet, si vous faites le même voyage avec 5 personnes différentes, et que vous leur demandez de parler en détails de ce voyage, vous aurez l’impression que chacun a visité un pays différent.

Et ce, car chaque personne favorise un ou plusieurs sens. C’est très flagrant en séances de sophro-analyse, où des personnes vont voir des images, d’autres vont avoir le corps qui va réagir très fortement et d’autres encore vont entendre des sons, voire sentir des odeurs. Vous pouvez d’ailleurs écouter le vocabulaire utilisé par vos proches, amis, collègues et cela vous donnera une idée de leurs canaux perceptifs privilégiés.

Par exemple, disent-ils : « j’adore regarder », « Et bien, écoute », « je ne peux pas le sentir », « ça me touche », etc.

Si tout le monde capte donc le monde via ses sens, chez la plupart des gens, un tri s’opère automatiquement. Les informations inutiles sont mises de côté pour permettre au cerveau de se concentrer sur l’essentiel.

Les surefficients captent non seulement bien plus d’informations que la normale et avec une intensité plus forte mais en plus, le tri des informations doit être fait en mode manuel. En effet, le mode automatique n’existe pas.

Ils sont donc bombardés d’informations, mémorisant des détails, tout en se posant mille et une questions. Tout cela, les met souvent dans un état de vigilance et de stress permanent. Il est facile d’imaginer combien cela demande de l’énergie pour sans cesse se recentrer.

L’hyperesthésie selon les sens

Voici quelques précisions selon les sens utilisés :

  • La vue : l’hyperesthésie visuelle permet de voir une multitude de détails, souvent avant la globalité, le regard peut être scrutateur et donc dérangeant. La mémoire va d’ailleurs se souvenir de détails insignifiants. L’hyper acuité visuelle peut également se traduire par une forte sensibilité à la lumière.
  • Le toucher : il s’agit du toucher comme le contact d’un vêtement mais également des sensations vis à vis de l’environnement. Par exemple, si la pièce est humide ou si au contraire, l’air est sec. Le surefficient mental a souvent besoin de toucher pour comprendre.
  • L’odorat: il s’agit d’une très grande sensibilité aux odeurs, évidemment. Ces personnes sont capables de différencier les odeurs de telle ou telle personne (même sans parfum !), d’épices dans un plat, de donner une odeur à tout, comme la neige par exemple. Ils sont aussi efficaces qu’un limier.
  • L’audition: l’hyperesthésie auditive permet de capter plusieurs sons en même temps. Un peu comme si vous étiez une station de radio capable d’entendre toutes les fréquences en même temps. Souvent, les sons graves sont mieux entendus que les sons aigus : murmure, bruissement, filet sonore…
  • Le goût : le goût va avec l’odorat. Vous avez sans doute fait l’expérience de manger alors que vous êtes totalement enrhumé(e), votre plat n’a presque pas de goût. Ainsi, l’hyperesthésie gustative va permettre de trouver jusqu’à la pointe de cannelle que vous avez mis dans votre plat ou encore quel type de café est dans votre tasse.

 

Il faut également préciser que l’hyperesthésie est aussi d’ordre qualitative. C’est à dire qu’il y a une finesse d’attention qui va engendrer un émerveillement, souvent poétique. On pourrait le comparer à ce que ressente les enfants lorsqu’ils découvrent ou observent quelque chose avec attention. Les surefficients mentaux sont toujours prêts à s’émerveiller sur une feuille éclairée par un rayon de soleil ou un chant d’oiseau. C’est un atout inouï, et rare qui apporte une énergie exceptionnelle.

Enfin, les hyperesthésiques ont souvent les sens qui se mêlent. C’est ce que l’on appelle la synesthésie, qui vient du grec ancien « syn » pour union et « aesthesis » pour sensation. C’est à dire qu’une information destinée à stimuler un sens, va également en solliciter un autre. Il existerait plus d’une centaine de synesthésies différentes. Les plus fréquentes associe des couleurs aux chiffres, aux lettres, aux jours de la semaine…

Autre exemple, le cas de certains artistes tel que Vladimir Kandinsy qui retranscrivait en peinture ce qu’il entendait. La synesthésie favorise également la mémorisation.

Elle serait due à un surplus de matière blanche dans le cerveau qui permet la connexion entre les différentes zones du cortex et la transmission des informations.

La synesthésie est constante et on ne peut pas l’arrêter volontairement.

 

L’hypersensibilité

Puisque les sens sont en ébullition, la sensibilité est bien évidemment exacerbée. Les surefficients mentaux sont sensibles à tout : à l’humide, au sec, aux sons, à la lumière, etc. Là encore, il peut y avoir des problématiques lorsqu’ils se retrouvent dans un lieu débordant de stimulations.

Cette hypersensibilité les rend précis. Ils sont incapables de se retenir de vous corriger pour une inexactitude ou une approximation. « Tu es rentré vers 20h30Non, il était 28 ».

Et si parfois, cela peut blesser l’interlocuteur, ils sont eux-mêmes très susceptibles, d’autant plus qu’ils ressentent ce qu’on ne leur dit pas forcément.

Enfin, puisque les informations passent généralement par leur cœur avant leur cerveau, les hypersensibles sont envahis d’émotions incontrôlables, alternant entre colère, joie intense, déprime et euphorie. D’autant plus qu’il est fréquent qu’ils se sentent coupables du mauvais fonctionnement du monde et de leur propre passivité.

 

L’hyperaffectivité

Puisque tout passe par le cœur, le cerveau des surefficients mentaux est évidemment dirigé par l’affectif. Ils ont besoin d’encouragement, de chaleur humaine, de contact et de relations positives. Ils sont ainsi très sensibles au jugement et aux critiques car ils ont absolument besoin d’être rassurés.

L’envie d’être à la hauteur des attentes de quelqu’un et prouver de quoi ils sont capables vont les booster au maximum. Au contraire, ils vont être totalement bloqués s’ils sont sous les réprimandes et la pression. Là encore, il est facile d’imaginer le calvaire de travailler en entreprise dans notre société actuelle.

 

L’hyperempathie

Un surefficient mental va tout de suite sentir dans quel état émotionnel se trouve une personne, y compris les inconnus.

Ce qui fait que l’hyperempathique ne va être bien que si les autres le sont. L’ambiance doit être à la sérénité et à l’harmonie pour qu’il se sente bien lui-même.

Par ailleurs, la méchanceté et la malveillance vont être des principes inconcevables pour eux.

Vous vous doutez bien des problèmes, à dépendre du bien-être des autres pour être bien soi-même.

Cependant, par cette bienveillance innée, ils sont très appréciés pour leur écoute, ce qui leur ouvre souvent une voie professionnelle. Ils ont également une sensibilité pour cerner le potentiel de toute situation ou personne.

Aussi, ont-ils un grand respect pour la nature et tout être vivant. Ils se sentent appartenir à un tout. D’ailleurs, beaucoup parle d’expériences spirituelles et ésotériques. Ils sont également bien plus sensibles aux rites orientaux : cérémonie du cacao en Amérique centrale, cérémonie du thé au Japon, le yoga et la respiration en Inde, ou toute autre pratique qui propose une dimension sacrée et spirituelle.

Avec cette manière d’être, leurs prises de décision prendra également toujours en compte les conséquences éventuelles pour les autres.

 Cependant, bien qu’aimant profondément tout ce qui est, les surefficients mentaux préfèrent parfois s’isoler pour se ressourcer. Mais cette action est à double tranchant, car elle peut également les angoisser.

 

La télépathie

Cela va de soi, lorsque l’on ressent tout très fortement vis à vis de son environnement et/ou d’une personne, à lire le langage non verbal et remarquer le moindre changement, on devient vite télépathe. Cette faculté naturelle peut parfois être dérangeante chez l’interlocuteur et chez les surefficients mentaux qui s’attendent à ce que l’autre se comporte comme lui. Bien évidemment il n’en est rien, et ils peuvent alors vite être vexés.

C’est une forme de très grande lucidité qui n’a rien de magique. Ils sont attentifs aux détails et les connectent les uns aux autres pour savoir intuitivement ce qui n’est pas dit ou montré. Un peu comme des pièces de puzzle éparpillées. Si le dessin final n’est pas clair pour la plupart des gens, le surefficient mental lui, sait déjà ce que ça va donner.

 

Trop de pensées = un cerveau qui fonctionne différemment

L’amygdale et l’inhibition latente

L’amygdale est une glande dans le cerveau archaïque qui réagit en fonction des informations extérieures. En effet, les informations passent en premier par cette glande : images, sons, odeurs, sensations, etc. Par la suite, elle va déclencher des émotions de façon automatique. Plus la réceptivité de l’amygdale est élevée, plus les réactions vont être intenses. Mais cette vague émotionnelle va empêcher notre cortex de fonctionner. Pas de chance, car le cortex est justement celui qui réfléchit et prend des décisions. Il va donc y avoir deux possibilités : le cortex ou l’amygdale va être mis sur off.

Vous l’aurez compris, chez les surefficients mentaux, cette amygdale est particulièrement sensible. Ce n’est donc pas sans conséquence car ces mises hors tensions vont provoquer soit des décrochages inopinés soit des vagues émotionnelles incontrôlables (susceptibilité, crise de colère, d’agressivité, etc.). Cela peut également se traduire par des absences, des rêveries, des difficultés de concentration, etc.

Dans un sens, ces personnes sont en situation de stress post-traumatique non-stop.

Aussi, leur cerveau ne se pose-t-il quasiment jamais dans le présent, mais fait sans arrêt des va-et-vient dans le passé et le futur.

Les cerveaux des surefficients ont également un déficit de l’inhibition latente. En effet, cette dernière permet de trier ce qui est utile ou non lorsque vous percevez diverses informations via vos sens. Hors, comme dit précemment, chez les surefficients mentaux, ce tri ne se fait pas automatiquement, et ils se retrouvent donc débordé par les informations, ce qui aggrave les difficultés pour structurer ses pensées.

 

Les deux cerveaux

Vous le savez peut-être, on considère que le cerveau est divisé en deux grandes parties distinctes : le cerveau gauche et le cerveau droit. Chaque hémisphère est associé à des compétences différentes et il est considéré que chaque personne a des préférences d’utilisation de ces hémisphères. C’est à dire qu’il y a des personnes dont la prédominance est l’hémisphère gauche et d’autres, l’hémisphère droit.

Même si les choses sont moins manichéenne que cela (on utilise bien sûr nos deux hémisphères et les prédominances changeraient au cours de la vie), il faut savoir que 70 à 85% des personnes ont l’hémisphère gauche dominant. Cependant, chez les surefficients mentaux et chez les surdoués, c’est l’hémisphère droit qui prédomine.

Voici un tableau qui résume les facultés de chacun des hémisphères :

Hémisphère gauche Hémisphère droit
Analytique, linéaire, logique, rationnel, fonctions du language, numérique, explicite, décrire, mots, nombres, éléments…

Autonomie et individualisme.

Concrétisation des projets

Instant présent, sens, instinctif, intuitif, global, affectif, émotionnel…

 

Altruiste et générosité

Créativité

Si le cerveau gauche analyse et calcule, le cerveau droit lui, sait mais ne peux pas expliquer le pourquoi du comment. Pareillement, le cerveau droit correspond à une pensée en image, contrairement à la structure du langage situé dans le cerveau gauche. Ainsi, il va parfois être très difficile pour les cerveaux droits d’exprimer une idée verbalement puisqu’elle sera à la base sous forme d’image.

Le cerveau droit manque cruellement d’égo et d’individualisme, ce qui peut poser pas mal de soucis. Aussi, sont-ils tellement capables d’analyser le fonctionnement d’une personne (sa gestuelle, son intonation, des mimiques…) qu’ils peuvent devenir des imitateurs hors pairs.

La société d’aujourd’hui est clairement faite pour des cerveaux gauches, par des cerveaux gauches. La preuve en est avec l’école où il faut tout apprendre par cœur et où les matières scientifiques sont mises à l’honneur. Si vous êtes surefficient mental, vous avez sûrement beaucoup d’incompréhension face à ce système qui vous donne souvent l’impression d’être stupide. D’autant plus que cette situation générale est très insécurisant.

Je rappelle également que comprendre, analyser et mémoriser vite n’est pas avoir la science infuse.

Voici quelques exercices pour stimuler l’un ou l’autre de vos hémisphères :

Hémisphère gauche Hémisphère droit
Lire, écrire

Faire des études

Activité nécessitant concentration et précision

Sports

Peinture, dessin, sculpture, musique, poterie, danse… Toute activité artistique

Sports doux : tai chi, chi qong…

Yoga

Méditation

 

La pensée en arborescence

Vous est-il déjà arrivé de faire à quelque chose, qui vous fait penser à autre chose, qui vous fait encore penser à autre chose jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun rapport avec ce que vous faisiez à la base, et tout ceci à une vitesse fulgurante ?

Alors vous pensez probablement en arborescence. Par exemple, il vous est difficile de vous focaliser sur une idée à la fois et vous avez beaucoup de mal à les structurer.

La pensée en arborescence correspond nécessite au moins deux choses :

  • Une pensée foisonnante : vous pensez tout le temps, parfois avec plusieurs pensées en même temps. Lorsque l’on parle par exemple, et que tellement d’idées ou de cheminements se font qu’on ne sait même plus ce que l’on était en train de dire ! Ce peut-être aussi lorsque vous faites une quelconque action, vous pensez tellement que vous vous demandez ce que vous faites à l’étage avec votre stylo. Qu’est-ce que je voulais faire déjà ?
  • Comme son nom l’indique, c’est une idée en réseaux, comme les branches d’un arbre : chaque pensée va créer un ensemble de pensées, qui elles-mêmes font créer d’autres pensées, etc.

Elle est à l’opposé de la pensée linéaire, où le cerveau vient bloquer toutes les pensées et les idées qui viendraient perturber le fonctionnement rationnel de ce cheminement unique de pensées.

Par exemple, si je vous dis le mot « table », voici comment pourrait penser une personne avec une pensée linéaire et une personne avec une pensée en arborescence :

Linéaire :

Arborescence :

Lorsque vous voyez « bois », vous pouvez facilement voir le lien avec le mot de départ « table ». En revanche, difficile de faire le lien avec le mot « coiffure » par exemple. Ce ne sont que des exemples mais il arrive fréquemment que les surefficients mentaux associent des idées qui peuvent paraître totalement farfelues.

La pensée en arborescence fonctionne par association d’idées et à l’infini. L’influx nerveux est plus rapide chez les personnes à fonctionnement global. Cela en fait un grand avantage pour trouver des solutions. Par exemple, le travail peut être fait très rapidement puisque les différentes possibilités sont analysées en un temps record pour trouver le meilleur moyen de parvenir à ses objectifs. Aussi, est-il bien plus aisé de traiter des informations très rapidement. Les décisions efficaces sont aussi prises plus rapidement…on non. En effet, si les idées foisonnent trop, parfois la décision va être impossible à prendre.

 

Les inconvénients de la pensée en arborescence

Malheureusement, la pensée en arborescence présente également des inconvénients. En effet, certains ne peuvent s’empêcher d’explorer sous tous les angles chaque nouvelle idée. Par exemple, vous devez faire un exposé sur les pirates. Ce sujet très vaste va vous amener sur les différentes époques de la piraterie, puis peut-être faire un point spécifique sur ses origines, Barbe Noire, et pourquoi pas la place de la femme dans la piraterie et peut-être même certaines batailles navales bien connues ou encore la place des pirates dans la culture, dans les films et les livres, etc. Vous voyez qu’il est facile de se perdre sur un sujet et de faire un exposé qui part dans tous les sens si les idées ne sont pas cadrées. Et pourtant, vous aurez passé un temps fou à explorer chacun des aspects de la piraterie.

Là aussi, il est facile de voir qu’au niveau scolaire dans notre société, les cerveaux droits ne sont pas privilégiés.

Comme dit précédemment, quand la pensée en arborescence n’est pas cadrée grâce à une concentration maximale, elle vogue seule d’idées en idées, passant du coq à l’âne en quelques secondes.

Autre exemple, vous discutez avec un surefficient mental et vous parlez d’un ami que vous allez voir. Et voilà que le surefficient mental vous dit « Tiens, ça me fait penser qu’il faut que je plante mon bulbe de tulipe ». Vous remarquez que cela n’a rien à voir, et pourtant. Par exemple, suite à votre phrase, il aurait pu penser à l’ami qu’il avait vu la veille, qui part en vacances aux Pays-Bas, qui est la ville de la tulipe et qu’il a un bulbe de tulipe qu’on lui a offert il y a des mois et qu’il n’a toujours pas planté. Et tout ceci, en une seconde à peine !

Parfois l’association brute de l’idée, sans avoir eu le cheminement, peut être déroutante pour l’interlocuteur, ce qui peut provoquer une certaine gêne.

Autre inconvénient, vous pouvez facilement passer de la joie à la déprime en quelques secondes, selon où vous amènent les différentes idées. Par exemple, vous êtes ravi(e) car vous avez une très belle idée de projet et toute une multitude d’idées qui en jaillissent puis vous vous rendez compte que vous n’avez pas assez d’argent pour ce projet et que peut être vous ne pourrez jamais le faire et vous voilà déprimé(e). C’est aussi pour cela que les surefficients peuvent être diagnostiqué(e)s bipolaires, boderlines ou maniaco-dépressifs.

Enfin, la pensée en arborescence minimise le plaisir avant de l’avoir pris. Par exemple, lorsque vous organiser quelque chose comme un voyage ou un événement, vous faites tellement de recherches que c’est un peu comme si vous aviez déjà vécu votre voyage ou votre événement, ce qui fait que votre plaisir de découverte sera considérablement amoindri.

Si vous vous retrouvez dans cette manière de penser, sachez que votre cerveau a besoin que les choses soient compliquées pour être performant. Lorsqu’il croule sous les problèmes difficiles, à la limite du décrochage, le surefficent est proche de l’orgasme mental !

 

Une mémoire particulière

Les surefficients ont, dans un sens, une très bonne mémoire. Mais cette mémoire leur apparaît incongrue car elle retient particulièrement les détails et les choses insignifiantes alors qu’il faudrait retenir des informations importantes mais ennuyeuses.

Oui, je me souviens que le professeur a dit qu’il avait un chien qui s’appelle Mozart mais je ne sais plus de quoi parlait le cours.

Hors, ce n’est pas sur le chien Mozart que se portera l’évaluation mais bien sur le cours. Voici comment un surefficient peut se sentir stupide à retenir des données insignifiantes quand il faudrait retenir la leçon.

Mais comme le reste, leur mémoire fonctionne avec le cœur. Si le professeur est sympathique ou passionné ou si la matière vous amuse alors tout rentrera en quelques secondes. Dans le cas concret il vous faudra un temps fou pour retenir des formules que vous trouvez sans intérêt. D’ailleurs, une fois apprises, il faudra sûrement peu de temps pour qu’elles s’évaporent de votre mémoire !

 

Une psychologie fragile

Une quête d’identité

Chacun, au cours de sa vie, va rechercher son identité, ses besoins, pourquoi il est aimé, ses goûts, etc. Cette quête d’identité est universelle et légitime pour mieux vivre.

Hors, lorsque l’on grandit dans un environnement où personne ne nous comprend, il est difficile d’avoir des bases de confiance solide et d’avoir une idée positive de qui l’on est. Les autres ne peuvent pas comprendre en totalité qui sont les surefficients mentaux puisqu’ils ne fonctionnent pas de la même manière. Ainsi, le reflet de leurs relations ne peut pas leur renvoyer qui ils sont en totalité. Les autres sont essentiels pour vous comprendre vous-même et vous faire évoluer, ce qui est impossible s’ils n’ont pas accès à votre entièreté. Imaginez avoir une idée précise de votre reflet si vous ne vous êtes toujours vu que devant des miroirs déformants ?

Ils subissent en général le rejet depuis toujours, sans jamais comprendre la faute qu’ils ont commise. En effet, puisque cela vient de leur manière d’être, ils ont conscience de ne pas être « normal », sans pour autant avoir de solution. Cela peut faire naître un grand sentiment de culpabilité accompagné d’un sentiment d’imposture. Comment, avec tout ce mal être, être capable de trouver sa place ? D’autant plus que, comme expliqué plus haut, ils ont des difficultés à s’exprimer entre toutes ces pensées qui parviennent en arborescence et les idées en images et en sensations de ce qu’ils voudraient dire ! Alors il n’y a que peu de solutions pour se faire comprendre : faire des détours pour essayer de rendre compte de son idée quitte à perdre son interlocuteur ou se taire. Car en procédant ainsi, il est facile de brusquer et même blesser son interlocuteur.

Ces bases branlantes vont plonger le surefficient mental dans une remise en question obsessionnelle de lui-même, plongeant sa propre estime un peu plus dans les abîmes. Les peurs du rejet, de l’abandon et de l’échec vont s’intensifier toujours un peu plus à force d’y être confronté. Il va alors s’épuiser à être dans un hyper contrôle qui renforcera également sa solitude et sa sensation d’être différent. C’est une boucle sans fin où la peur et la fatigue vont générer des comportements inadaptés et une sensibilité exacerbée. La perte d’objectivité est totale et la personne s’enfonce un peu plus dans son isolement et ses peurs.

Lorsque l’on est dans ces peurs permanentes, on peut vite être sujet à l’emprise et la manipulation. Vouloir à tout prix, tout faire pour l’autre, sans jamais s’oppose à qui que ce soit, les rend très influençable. Ce sont souvent les victimes de pervers narcissiques et d’arnaques.

Ils peuvent également alterner entre des moments de déprime à avoir la sensation de ne jamais pouvoir s’adapter au monde dans lequel ils vivent et des moments de vive motivation lorsqu’ils reprennent courage.

Aussi, peuvent-ils tomber dans l’arrogance et la provocation, pour récupérer, à défaut de l’amour, un peu d’admiration. Bien sûr, cette solution n’est pas viable au long terme, car rien ne peut remplacer l’amour.

 

Les surefficients mentaux et leurs grands principes

Les surefficients mentaux peuvent avoir des idées très élevées et définies et donc parfois très arrêtées sur les valeurs. Ils ont un point de vue très précis de ce qu’est l’amour, l’amitié, la justice, la loyauté, etc. Ce sont pour eux les critères normaux de ces valeurs. Seulement, leur vision idéaliste est souvent piétinée par la réalité : trahison, réalité de la justice, violence, égocentrisme, méchanceté… Qui viennent les désespérer et les blesser, sans pour autant abîmer leurs idéaux puisqu’ils sont certains d’avoir raison.

En effet, lorsque l’on a une idée très précise de quelque chose, il est facile d’être déçu quand ça ne correspond pas. Alors, si l’on pense que lorsqu’on est amis / qu’on est en couple, etc. « on doit faire ci ou ça », bonjour les déceptions. Les surefficients mentaux peuvent donc avoir de grandes difficultés relationnelles. Ils en attendent tellement de l’autre au nom de leurs idéaux, qu’ils sont sans arrêts déçus et blessés. Là aussi, ils peuvent se retrouver à s’isoler pour ne plus être confronté à ces situations. Il y a là un grand paradoxe : ils veulent être comme tout le monde, mais en fait, ils veulent surtout que tout le monde soit comme eux !

Avec de telles valeurs, ils sont d’une honnêteté absolue et respecteront toujours les règles : vous ne verrez jamais un surefficient mental frauder ou doubler dans une file d’attente.

Au contraire, ils ne se plieront jamais à une règle ou une consigne qu’ils trouvent injuste ou stupide, peu importe les conséquences pour lui. Cependant, il acceptera sans sourciller la punition qui lui est réservée.

Puisqu’ils ont beaucoup de grands principes, leur courage peut également être extraordinaire. Cependant, toujours du point de vue d’autres personnes, cela peut apparaître comme une volonté d’imposer leurs règles.

 

Les surefficients mentaux et l’autorité

Puisqu’ils ont de grands idéaux, les surefficients mentaux peuvent avoir des difficultés avec l’autorité dès l’enfance. Si une personne est au-dessus, c’est qu’elle est forcément meilleure et se doit donc d’agir comme tel.

Le concept de hiérarchie n’a pas de sens, puisque là aussi, si vous êtes le chef alors vous vous devez d’être compétent et d’agir intelligemment et en y mettant les formes.

Il est facile de voir les problématiques que cela peut engendrer dans une société comme la nôtre, surtout dans le travail : les ennuis commencent vites si les capacités de l’employé sont supérieures à celles du patron…

 

 

Si vous vous reconnaissez dans cet article, alors vous êtes probablement un surefficient mental et peut-être même un surdoué. Il existe divers tests pour évaluer l’intelligence mais qui ne sont pas toujours pertinents et nécessaires.

Votre vie n’a sûrement pas toujours été facile à cause de ce décalage avec les autres, mais en se libérant de tous les poids vécus, vous vous apercevrez qu’avoir votre cerveau est une chance, et qu’il est temps que le monde se remplisse de personnes comme vous.

A venir : trop de pensées, comment faire ?

Bibliographie

  • Je pense trop, Christel Petitcollin, édition Guy Trénadiel
  • Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué, Jeanne Siaud-Facchin, édition Odile Jacob